Salut, et bienvenue dans la Tech à l’Envers, le média qui décrypte l’actualité de la Tech pour en développer un usage éthique et respectueux de notre vie privée.
Des restaurants tendances aux plans des villes, en passant par les flux TikTok et Netflix qui envahissent le monde entier, les recommandations algorithmiques dictent nos expériences et nos choix.
Dans Filterworld, aux éditions Vintage, le journaliste et auteur Kyle Chayka nous décrit comment les algorithmes ont standardisé notre culture et impactent les façons dont elle est distribuée et consommée.
Selon l’auteur, ces recommandations façonnent la grande majorité de nos expériences dans les espaces numériques. En remplaçant peu à peu les portiers de l’information (les fameux gate keepers), les galeristes, les conservateurs de musée, les agences matrimoniales, les DJ radio… nous nous privons des personnes à-même de nous révéler l’inhabituel et le non-consensuel.
En effet, nombre de nos expériences digitales sont gouvernées par ces formules mathématiques numériques obscures :
👉🏻 Comment ne pas penser aux flux personnalisés des publications présentées par les réseaux sociaux. Ainsi, l’effet « bulles de filtre » théorisé par Eli Pariser limiterait nos perspectives, nos goûts personnels et notre capacité à être ému et choqué par une offre culturelle standardisée et nivelée vers le bas.
👉🏻 Les playlists de Spotify, Deezer et Apple Music qui jouent dans des flux continues auraient pour conséquence de réduire notre plaisir de la découverte.
👉🏻 Autres exemples cités par l’auteur, les cafés « Instragram » qui se développent à travers le monde et qui adoptent des codes esthétiques communs ou encore les logements Airbnb qui s’équipent des mêmes mobiliers neutres et épurés, l’appauvrissement culturel serait généralisé à l’ensemble des secteurs.
Dans l’ouvrage, l’auteur nous raconte un autre exemple que j’ai trouvé saisissant. Netflix a pris l’habitude de modifier les vignettes de ses films selon les préférences de ses utilisateurs, quitte à les tromper sur la nature même du contenu. En 2018, une controverse a éclaté lorsque certaines personnes ont remarqué que la comédie romantique Love Actually leur était recommandée avec une image très visible de l’acteur noir Chiwetel Ejiofor, qui joue un rôle secondaire dans le film. En modifiant de manière aussi agressive la vignette du film, la plateforme manipule ses utilisateurs, non pas en recommandant ce qu’ils pourraient aimer, mais en modifiant la présentation du même contenu pour le rendre plus similaire à leurs préférences.
Trop souvent, ces mécanismes de personnalisation, sur les réseaux sociaux et sur nos plateformes numériques préférées, favorisent l’engagement digital et la capture de notre attention, au détriment de la qualité et de la pluralité des contenus, pourtant essentielles pour développer nos goûts et nos préférences culturelles.
Chayka nous questionne très justement sur ce que peut signifier faire un choix lorsque les options ont été soigneusement calibrées pour nous. La liberté personnelle est-elle possible sur Internet ? Comment dans ces conditions conserver son libre arbitre ?
✅ Heureusement, des solutions existent. Redevenir intentionnel dans nos choix de consommation de produits culturels, refuser la passivité, réveiller et entretenir notre curiosité en adoptant une forme d’indépendance et de proactivité sur les contenus culturels existants.
💬 Pour Walter Benjamin « Chaque époque, en réalité, non seulement rêve de celle qui suit, mais en rêvant, précipite son éveil. Elle porte sa fin en elle-même ».
Et si nous passions du rêve à la réalité ?
C’est tout pour aujourd’hui. Je vous remercie et vous dit à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de la Tech à l’Envers !